Chavouoth: Les regles

Il est de tradition à la veille de Chavouot de prendre un bain de purification ( mikvé ), afin d’être pur pour honorer et célébrer le don de la Torah. Cette purification souligne l’importance et le respect dont doit faire preuve notre peuple vis à vis de la Torah.

A la suite de ce bain, il est un usage répandu dans toutes les communautés juives de se réunir la nuit de Chavouot pour étudier la Torah jusqu’à l’aube. Cette coutume très ancienne date de plus de 3 000 ans. En effet, nos ancêtres étaient rassemblés et avaient veillé toute la nuit afin d’entendre le message divin.

Enfin,en l’honneur de cette fête, il et d’usage que nos appartements et nos fenêtres soient ornés de fleurs. Cette coutume nous rappelle le fait que la Torah nous a été donnée au mont Sinaï qui selon la tradition était verdoyant. Aussi, le jour de Matan Torah ( don de la Torah ), avons nous le Minhag d’orner appartements et synagogue de verdure.

On fleurit les synagogues et les rouleaux de la Torah.

On mange des mets au lait, en référence au pays de lait et de miel qui est celui de la Torah (Cantique des Cantiques, 4, 11).

On lit le livre de Ruth (méguilate Ruth) car elle a apporté la Tora et a opéré le redressement de la création en recueillant les étincelles dispersées, ce qui a permis d'engendrer le machia'h messie, le roi David. C'est, justement, le jour de la naissance et de la hilloula (décès en plénitude) de David. Vous pouvez entendre la lecture du livre de Ruth en rite achkénaze

Halakhot tirées du livre Choul'han Aroukh Séfarade selon Maran Beith Yossef
Rabbi Yossef Qaro z.l.

D’après certains décisionnaires, le soir de chavouoth il faut attendre qu’il fasse vraiment nuit avant de faire le kiddouch (vingt minutes après le coucher du soleil). En effet, si on faisait le kiddouch avant la tombée de la nuit, ce serait comme si on enlevait une partie du quarante-neuvième jour de la séfirath ha’omer, alors qu’il est écrit (Vayikra – Lévitique, 23,15) : « ce seront sept semaines entières ». Mais d’autres sont d’avis qu’on a pas à faire attention à cela, l’habitude étant de dire le kiddouch avant la tombée de la nuit. A priori, il est donc préférable d’attendre vingt minutes au moins après le coucher du soleil, pour faire le kiddouch, en particulier dans nos régions où il n’est pas bien difficile de se confirmer à cette opinion et d’attendre la nuit. En cas de besoin cependant, on peut s’en tenir aux opinions moins strictes, faire le kiddouch avant la tombée de al nuit et ajouter une partie de la journée ouvrable à la journée sainte. Cela se justifie, en Europe en particulier où le soleil se couche très tard en été, où les convives ont du mal à supporter l’attente prolongée, et où, de plus, ce retard risque de perturber l’étude de Qeriyei Mo’éd, qu’on à l’habitude de lire la nuit de Chavouoth, selon le Ari z.l. . On peut donc les autoriser à être moins strictes et à manger avant la tombée de la nuit. Dans ce cas, on attendra si possible le début du coucher du soleil (lorsque celui-ci disparaît de l’horizon) pour faire le kiddouch et prendre le repas. Il sera bon de manger encore un kazayith de pain à la tombée de la nuit et on en aura un mérite particulier.

Le soir de Chavouoth on peut faire la prière de Arvith avant la tombée de la nuit, comme on le fait les autres soirs, et il n’est pas nécessaire d’attendre qu’il fasse vraiment nuit, même si on se montre plus strict en ce qui concerne le kiddouch. Cela ne s’applique que si on prie en communauté.

Il est évident que si on oublie de réciter la bénédiction chéhé’hèyanou, on ne peut plus la faire après la fête, même pas au cours des sept jours suivants.

Le soir de Chavouth, de même que le soir de Roch Hachana, on n’a pas besoin de manger le pain (sur lequel on a fait hamotsi) avec un aliment doux. On peut donc le manger avec des salades ou des condiments.

Dans toutes les communautés, on a adopté la coutume de rester éveillé toute la nuit de Chavouoth et d’étudier la Torah jusqu’à l’aube, comme l’indique le Zohar : « les premiers ‘hassidim ne dormaient pas toute cette nuit là et étudiaient la Torah ». « Allons, disaient-ils, prendre possession de notre saint héritage, pour nous et nos enfants, dans les deux mondes ». »Tous ceux qui font le tiqoun cette nuit là et qui s’y réjouissent ; dit encore le Zohar, seront inscrits dans le Livre des Souvenirs, et le Saint béni soit-il leur accorde les soixante dix bénédictions et couronnes du monde supérieur ».
D’autre part, les A’haronim donnent une raison à cette coutume de rester éveiller la nuit de Chavouoth : lors du matane Torah, les enfants d’Israël dormirent toute la nuit, et D… fut obligé de les réveiller par le tonnerre et les éclairs qui précédèrent le ma’amad har Sinaï. Nous devons donc réparer cette négligence en restant nous-mêmes vigilants toute la nuit à étudier la Torah. Cet usage concerne que les hommes, et pas les femmes.

Si on veut agir au mieux, il est préférable de tenir compte de l’opinion des kabbalistes et, la nuit de Chavouoth, étudier en groupe le tiqoun imprimé dans le Séfer Qeriyei Mo’éd, plutôt que d’étudier la Guémara et les décisionnaires. Mais si les étudiants des yechivoth sentent qu’ils gagneront à étudier la Guémara avec zèle et assiduité, il n’y a pas à les en empêcher, et cela se justifie. Certains ont l’habitude d’étudier le Séfer haMitsvoth de Rambam. Mais lorsque la plus grande partie de la communauté lit le tiqoun, un particulier ne doit pas s’en séparer pour étudier la Guémara ou Rambam.

Il faut éviter toute conversation inutile ou qui ne porte pas sur les sujets de Torah pendant la nuit de Chavouoth et ne pas gaspiller ces heures précieuses à des futilités. Rester assis sans rien faire équivaut à dormir. D’après la kabbala, on n’étudie pas de michna cette nuit là. On récitera le chéma avant ‘hatsoth, surtout si on l’a dit avant la tombée de la nuit. S’il y a un tamid ‘hakham dans l’assistance, il serait bon qu’il explique les passages de Guémara, du Midrach et des six cent treize mitzvoth bien clairement, à l’aide de Aggadoth intéressantes, afin que le public ne s’endorme pas ; les mérites de toute la communauté lui reviendront.

On ne récite les bénédictions de la Torah qu’après le lever du jour (soit le temps qu’il faut pour parcourir quatre mil avant l’apparition du soleil, c'est-à-dire soixante douze minutes, calculés en heure de durée variable). Les horaires de lever du jour indiqués dans les calendriers ne suivent pas l’opinion de Maran, ni des décisionnaires dont nous suivons les enseignements.

Ceux qui sont restés éveillés toute la nuit de Chavouoth ont  également l’obligation de réciter les bénédictions de la Torah ; c’est l’usage le plus courant, et la règle que l’on ne récite pas de bérakha en cas de doute ne s’applique pas lorsqu’un usage fermement établi existe. Certains poussent la piété jusqu’à s’efforcer d’écouter ces bénédictions lorsque quelqu’un qui a dormi pendant la nuit les dit, mais tel n’est pas l’usage.

Nous avons l’habitude de réciter toutes les bénédictions du matin à l’exception de celle de ‘al netilath yadayim et de acher yatsar, à moins qu’in ne soit allé aux toilettes et qu’on doive alors de toute façon réciter cette bénédiction ; mais on ne dit pas ‘al netilath yadayim (dans ce cas non plus).

On s’efforcera d’être aussi fort qu’un lion pour la prière du matin et de ne pas se laisser gagner par le sommeil, pour ne pas perdre le salaire de sa mitzvah si on en venait à somnoler pendant le chéma ou la ‘amida. On aura soin de ne pas somnoler pendant la lecture de la Torah non plus, puisqu’on fait la lecture des dix commandements et que nos Sages z.l. nous disent : « Mes enfants, déclarent le Saint béni soit-il à Israël, faites chaque année (à Chavouoth) la lecture des dix commandements. Je vous le compterai comme si vous vous teniez devant moi au mont Sinaï et que vous receviez la Torah. »