Yom Yerouchalayim: La fête

 


Anniversaire de la Réunification de Jérusalem, capitale éternelle d'Israël

Histoire :


La Journée de Jérusalem, ­ 28 Iyar du calendrier hébraïque ­ marque cette année le 36ème anniversaire de la libération et de la réunification de la capitale d'Israël, après les durs combats de la guerre des Six-Jours. Le 15 mai 1967, Gamal Abdel Nasser ordonnait le retrait des Casques bleus de l'Onu de la péninsule du Sinaï où ils étaient positionnés depuis 1956. Peu après, Nasser interdit le passage de navires israéliens par le détroit de Tiran, ce qui revenait au blocus du golfe d'Eilat, en violation du droit international.
Le 31 mai, l'Égypte expédie au Sinaï 100 000 soldats, 1000 chars et 500 pièces d'artillerie lourde. Elle signe un accord de défense avec la Jordanie, la Syrie et l'Irak, ces deux derniers mobilisent leurs armées. Le Koweit, l'Arabie Saoudite, le Soudan et l'Algérie envoient des renforts et des munitions aux belligérants arabes. Israël se retrouve encerclé de partout par quelque 250 000 soldats arabes, plus de 2000 chars d'assaut et quelque 700 avions de combat. Le président irakien de l'époque, Abdul Rahman Aref, déclare : « Notre objectif est clair : effacer Israël de la carte du monde. »
Telle est la situation à laquelle est confronté l'État d'Israël le 4 juin 1967 : trois fronts, neutralité déclarée des Etats-Unis et embargo sur les armes à toute la région, conforté par l'un des principaux fournisseurs de Tsahal à l'époque : la France. Les pays arabes en revanche bénéficient des largesses de l'Union soviétique en matière d'armements. La menace qui pesait alors sur Israël était existentielle.
Le 5 juin à l'aube, les avions de l'armée de l'air de Tsahal entreprennent une vaste opération préventive contre l'armée de l'air égyptienne, détruisant quasiment tous ses avions et une grande partie de ses chars. Les blindés israéliens se dirigent simultanément vers le Sinaï qu'ils investissent rapidement et vers la rive orientale du canal de Suez. Le même jour, la Jordanie attaque Israël.
Le 7 juin, l'infanterie de Tsahal investit la Vieille Ville de Jérusalem. Les soldats arrivent au Mur occidental et le commandant de la région Centre, le regretté général Mordehaï Gur, déclare avec émotion « L'esplanade du Temple est dans nos mains ! »

 

Côté religion

Jérusalem est ancrée au coeur du vécu juif, enracinée dans les tréfonds de sa conscience. Lorsque le peuple juif a entamé le long et périlleux itinéraire de l' Exil, il s'est promis de ne jamais effacer le souvenir de Jérusalem et de porter son deuil tant que cet exil durerait.
Le Talmud nous apprend que celui qui porte le deuil de Jérusalem a le mérite de la voir dans sa joie..." ( Taanit 30 b ) Plusieurs commentateurs s'étonnent de l'utilisation du présent " a le mérite " alors que le futur " aura le mérite " aurait été plus logique.
En vérité, le présent est tout à fait à sa place ici. En effet, avec Jérusalem, il ne s'agit pas d'un deuil au sens littéral et absolu du terme. Un deuil se définit essentiellement par le déchirement et la souffrance en face de ce qui ne peut être qu'irrévocable. Pour aussi surprenant que cela puisse paraître, le deuil de Jérusalem est un deuil teinté de joie et d'espoir... Il est une promesse. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous sommes autorisés à considérer le 9 Av ( Ticha Be Av ) qui commémore la destruction du Temple de Jérusalem, comme un Moed, une fête. En effet, ni ce jour là, ni la veille, nous ne disons de Supplications, et ce comme s'il s'agissait de la veille d'un véritable Yom Tov...
L'utilisation du présent " a le mérite " signifie que vivre le deuil de Jérusalem durant toutes ces années d'exil, c'était faire en même temps l'expérience, ici et maintenant, de la joie et de l'espoir.
Pour mieux comprendre de quoi il s'agit, reportons-nous au livre de la Genèse. Lorsque les fils de Jacob viennent annoncer à leur père Joseph a péri, Jacob prend le deuil de nombreux jours, mais se refuse en même temps à entendre des paroles de consolation. Ainsi qu'il est écrit: " Tous ses fils et ses filles se mirent en devoir de le consoler, mais il refusa toute consolation. "
Le midrash Rabba ( chap 24 ) explique au nom de Rabbi Yossi que l'on accepte d'être consolé sur des morts, non sur des vivants. La consolation intervient quand il n'y a plus rien à espérer, quand il faut tenter autant que possible d'évacuer la souffrance. En revanche, tant qu'il y a un espoir, la souffrance qui refuse la consolation montre par là même qu'elle ne se résigne pas à la disparition définitive. En cela, elle fait d'une certaine façon l'expérience de l'espoir et d'une certaine forme de joie... Quand elle imagine, par exemple, la splendeur des retrouvailles. Jacob a refusé d'être consolé par ses enfants car il ne pouvait se résoudre à l'idée que son fils n'était plus.
Depuis la destruction du Temple, le deuil de Jérusalem revêt une dimension de joie dans l'espoir car justement aucun Juif n'a jamais ressenti la perte de Jérusalem comme une perte irrémédiable et définitive. Prendre son deuil, c'était dans ce cas précis éspérer... Que la souffrance ait perduré à travers les générations signale justement cette incapacité à se consoler et donc à considérer Jérusalem perdue. Ainsi qu'il est dit dans les Avoth de Rabbi Nathan : " Jérusalem est appelée vive, comme dit le verset : "Je circulerai devant le Seigneur dans la Terre des vivants ( Jérusalem ). " ( Psaume116 ) "
Sans doute pouvons-nous dire également que la persistance de ce sentiment vient de la force de cohésion extraordinaire exercée par Jérusalem au sein du Klal Israël. Abraham l'avait appelé : Yiré ( Gen. 22,14 ) et Chem, le fils de Noé : Chalem. Le midrash raconte que D' ne voulant offusquer ni l'un ni l'autre, fit des deux noms, un seul : Yiréchalem...
Cette union de deux noms, symbolise une capacité à réunir et faire fusionner le coeur des Juifs.
Par définition, Jérusalem est génératrice de l'unité d'Israël. C'est pourquoi elle ne fut pas partagée entre les douze tribus; sa nature s'y refusait. Jérusalem ne peut servir qu'à unir les Juifs entre eux.
Le fait que le Yom Yéroushalayim intervienne justement entre Pessah et Chavouoth, c'est-à-dire durant la période qui nous prépare au don de la Thora, n'est pas le fait du hasard... Le peuple d'Israël a reçu la Thora dans un moment de cohésion et d'unité extraordinaires : " comme un seul homme, avec un seul coeur ! " La fête de Jérusalem nous aide à ressentir encore plus ce sentiment d'unité qui nous permettra de recevoir la Thora !