Maximes des pères: chapitre 3

1. Akabia, fils de Mahalallel, disait : « Pénètre-toi de ces trois choses et tu éviteras le péché : pense à ton ori¬gine et à ta fin, et rappelle-toi devant qui tu auras un jour à rendre compte de tes actions. Ton origine, c'est une vile matière; ta fin, c'est la tombe où tu deviendras la pâture des verse. Et celui à qui tu auras à rendre compte de tes actions, c'est le Roi des rois, le Saint, béni soit-Il. »

2. Rabbi Chanina, suppléant du grand prêtre, disait « Prie pour le salut de ceux qui sont à la tête de l'Etat, car, sans la crainte qu'ils inspirent, les hommes s'entre dévoreraient. »

3 (2). Rabbi Chanania, fils de Téradion, disait : « Si deux hommes se trouvent ensemble et ne s'entretiennent pas de la Loi (sacrée), leur réunion est réunion d'hommes frivoles, dont il est dit (Psaumes 1, 1) "Heureux celui qui ne siège pas parmi les hommes frivoles." Mais si deux hommes, se trouvant ensemble, s'entretiennent de la Loi, le Seigneur résidera au milieu d'eux, ainsi qu'il est dit (Malachie 3,16): "Ceux qui craignent Dieu s'entretiennent l'un avec l'autre; l'Eternel prête l'oreille à leurs paroles et inscrit leur mérite dans le livre du souvenir, établi pour ceux qui craignent l'Eternel et qui respectent Son nom." Dans ce verset de Malachie, il est question au moins de deux hommes; mais si un homme isolé s'occupe de l'étude de la Loi, sera-t-il aussi récompensé de Dieu ? Oui, car il est dit (Lamentations 3, 28) : "Celui qui est seul et se livre à la méditation aura sa part assurée."»

4 (3). Rabbi Siméon disait : « Si trois hommes qui mangent à la même table ne s'entretiennent pas de la Loi, c'est comme s'ils mangeaient d'un sacrifice offert aux idoles, ainsi qu'il est dit (Isaïe 28, 8) : "Toutes leurs tables sont remplies de mets immondes, car Dieu en est absents." Mais si trois hommes, mangeant à la même table, s'entretiennent de la Loi, c'est comme s'ils mangeaient à la table du Seigneur, dont il est écrit (Ezéchiel 41, 22) : "C'est ici la table qui est devant l'Eternel."»

5 (4). Rabbi Chanina, fils de Chakinaï, disait : « Celui qui, ne dormant pas la nuit ou voyageant seul, ne songe qu'à des choses vaines, compromet sa vie. »

6 (5). Rabbi Nechounia, fils de Hakkanah, disait « Celui qui se soumet aux lois religieuses sera délivré du joug des exigences politiques et sociales; mais celui qui se soustrait à l'autorité des lois religieuses deviendra l'esclave des exigences politiques et sociales. »

7 (6). Rabbi Chalaphta, fils de Dosa, de Kefar Chana¬niah, disait : « Si dix hommes se réunissent pour s'occuper. de l'étude de la Loi, l'Eternel résidera au milieu d'eux, ainsi qu'il est dit (Psaumes 82, 1) : "Dieu assiste aux assemblées divines." Il en est de même de cinq, de trois ou de deux hommes qui s'entretiennent de sujets religieux. Enfin, si un homme seul médite la Loi, il est également inspiré par la présence de Dieu, ainsi qu'il est dit (Exode 20, 24) : "Partout où Mon nom sera invoqué, Je viendrai vers toi et Je te bénirai."»

8 (7). Rabbi Eléazar de Bartotha, disait : « Donne-Lui (à Dieu) ce qui est à Lui, car toi et tout ce que tu as, vous êtes à Lui. C'est ainsi que David a dit (I Chroniques 29, 14) : "Car tout vient de Toi et ce que nous T'offrons vient de Ta main."»

9 (7). Rabbi Jacob [Siméon] disait : « Celui qui, en voyageant, médite la Loi et interrompt sa méditation pour s'écrier : "Que cet arbre est beau ! que ce champ est bien cultivé !" celui-là, selon l'Ecriture, compromet sa vie. »

10 (8). Rabbi Dostaï, fils de Iannaï, disait : « Celui qui oublie ce qu'il a appris, compromet sa vie, car il est dit (Deut. 4, 9) : "Garde-toi bien, pour ton salut, d'oublier les choses que tes yeux ont vues." Mais cela s'applique-t-il aussi à celui qui oublie parce qu'il n'a pas bien compris ? Non, car l'Ecriture ajoute (ibid.) "Que ces choses ne sortent jamais de ton cour " Ainsi l'on n'est coupable que lorsqu'on les oublie par une négligence volontaire. »

11 (9). Rabbi Chanina, fils de Dosa, disait : « Si vous placez la crainte du péché au-dessus de la sagesse votre sagesse se maintiendra; mais si vous mettez la sa¬gesse au-dessus de la crainte du péché, votre sagesse ne saurait être durable »

12 (9). Le même disait : « Si vos bonnes œuvres sur¬passent votre science, vous verrez votre science se maintenir; mais si votre science est supérieure à votre vertu, elle ne se maintiendra pas. »

13 (10). Il disait encore : « Celui qui est aimé des hommes est aussi aimé de Dieu, et celui qui n'est pas aimé des hommes n'est pas non plus aimé de Dieu. »

14 (10). Rabbi Dosa, fils de Horkinas, disait : « Le sommeil du matin, le vin de midi, les conversations frivoles et la fréquentation des ignorants abrègent la vie de l'homme. »

15 (11). Rabbi Eléazar de Modéïn disait : « Celui qui profane les choses saintes, qui affecte du dédain pour les fêtes religieuses, qui fait rougir son prochain en public, qui enfreint l'alliance de notre père Abraham, et qui donne une fausse interprétation à la Loi divine, un tel homme, eût-il étudié la Loi et exercé de bonnes oeuvres, n'aura point part à la vie future. »

16 (12). Rabbi Ismaël disait : « Sois empressé envers le chef; sois bienveillant pour la jeunesse, et accueille tout le monde avec aménité. »

17 (13). Rabbi Akiba disait : « La raillerie et la légèreté conduisent l'homme au libertinage. - La Massorah (tradition) est le rempart de la Loi; la dîme est le rempart de la fortune; les vaux sont le rempart de l'abstinence, et le rempart de la sagesse, c'est le silence. »

18 (14). Il disait aussi : « L'homme est aimé de Dieu, puisqu'il a été créé à Son image; une preuve plus grande de cet amour, c'est que Dieu a annoncé à l'homme qu'Il l'a créé à Son image. - Les Israélites sont aimés de Dieu puisqu'ils ont été appelés Ses enfants; une preuve plus grande de cet amour, c'est que Dieu Lui-même les a appelés de ce nom, comme il est dit : "Vous êtes les enfants de l'Eternel votre Dieu." - Les Israélites sont aimés de Dieu, puisqu'Il leur a donné un joyau précieux; une preuve plus grande de cet amour, c'est que Dieu leur a annoncé Lui-même qu'Il leur a donné ce joyau précieux pour lequel Il avait créé le monde, ainsi qu'il est dit : "Je vous ai donné une bonne doctrine, c'est Ma loi; ne l'abandonnez pas."»

19 (15). « Dieu prévoit tout, et cependant l'homme a son libre arbitre. Le monde est jugé avec bienveillance, et tout dépend de la majorité des Oeuvres. »

20 (16). Il disait encore : « Tout est fourni moyennant gage; un filet est tendu sur tous les vivants : l'entrée du magasin est libre et le marchand fait crédit; mais le registre est ouvert et une main inscrit. Quiconque veut emprunter peut venir, on lui prêtera; mais les collecteurs font chaque jour leur tournée et se font rembourser bon gré malgré; ils ont des titres sur lesquels ils peuvent appuyer leur droit, et le jugement qu'ils exécutent est conforme à l'équité. Tout sera en règle à l'époque du grand festin »

21 (17). Rabbi Eléazar, fils d'Azariah, disait : « Sans la Loi, point de bonnes moeurs; sans mœurs, point de Loi. Sans la sagesse, point de piété; sans la piété, point de sagesse. Sans la science, point d'intelligence; sans l'intelligence, point de science. Sans pain, point d'étude; sans étude, point de pain. »

22 (17). Il disait aussi : « Celui dont la science surpasse les oeuvres ressemble à un arbre qui a beaucoup de branches et peu de racines; vienne une tempête, il est déraciné et jeté à terre, ainsi qu'il est dit (Jérémie 17, 6) : "Il sera comme la bruyère dans une lande, il ne jouira pas de l'arrivée du beau temps; il habitera les lieux arides dans le désert, dans un terrain stérile et inhospitalier." Mais celui dont les oeuvres surpassent la science ressemble à un arbre qui a peu de branches et beaucoup de racines; tous les vents du monde se déchaîneraient contre lui, qu'ils ne parviendraient pas à l'ébranler, ainsi qu'il est dit (Jérémie 17, 8) : "Il sera comme un arbre planté sur le bord de l'eau, qui étend ses racines vers la rivière; lorsque les grandes chaleurs arriveront, il ne s'en apercevra même pas; ses feuilles seront toujours vertes; il ne redoutera point les années stériles, et il ne cessera pas de produire des fruits."»

23 (18). Rabbi Eléazar, fils de Chisma, disait : « Les prescriptions relatives aux Kinnin et à la Niddah constituent des lois essentielles (qu'il importe d'étudier); l'astronomie et la géométrie sont des sciences préparatoires»